Virgile Blaise Rainal Taoufik

Je suis né et ai vécu pendant deux ans en Jazîrat, à Carassine, avant destre renvoiié en Aragon avec mon père Felipe Sergio Rainal do Campaones. Ma mère Idrissa Bint Al-Rih a disparu peu de temps après ma naissance. La nourrice (Ouda, généreusement paiiée davance par ma mère) et sa famille (son mari Hafid et son fils Farid) ont accepté de nous suivre en regard de leur engagement (elle dit que elle le doit à ma mère sur son honneur). Ils sont donc devenus des serviteurs de la famille Rainal selon la coutume du país. Dans les faits, si ils font effectivement le travail de serviteurs, les familles Oudjnet et Rainal sont devenues amies, et se traitent avec un respect mutuel. Farid étant mon frère de lait et pratiquement le seul ami que jeai longtemps eu, il est mon meilleur ami et nous avons grandi et avons esté élevés ensemble, entre deux cultures, entre deux religions. Si bien que jeai appris le panthéon Saabi en mesme temps que à ‘vénérer’ la Trinité, à combattre à la manière des Campéadors (cape et épée, duellistes, épée fine, escrime historique, port dearmures métalliques) comme à celle des Saabis (style léger et acrobatique, pas plus que du cuir ou de la maille comme armure), à parler les deux langues, etc.

Estant donné que nous sommes « partis de rien », nous avons (enfin surtout nos pères) dû fabriquer pas mal de choses et estre autonomes. Cela a pu se réaliser par lhabileté de tout le monde notamment à travers leartisanat du métal et du bois, qui me passionnent tous deux. Mon père maistrise davantage leaspect de la Forge et Hafid celui de la Joaillerie, Farid et moi avons donc bénéficié de ces deux expériences très différentes. Ainsi, mesme si Farid a choisi de seorienter plutôt vers leartisanat du bois, nous avons eu à peu près la mesme formation.

Nous avons sur notre domaine une “pierre levée”, un menhir des temps anciens, et comme mon père est un peu ébranlé dans sa foi, il mea également parlé des Anciens Dieux, qui ont esté évincés par la nouvelle religion unique. De ce fait, jeai esté intrigué et je neai jamais vraiment décidé (ni compris comment on le pouvait) quelle religion jeallais bien pouvoir adopter.

Comment le pourrais je ? Il en existe plusieurs ! Si les Dieux existent, ils doivent bien estre les mesmes pour tous les Hommes !? Peut estre le sont ils, justement ? Peut estre sont ce les Hommes, qui, au fil du temps, ont déformé les croiiances originelles ?

Cest avec ces interrogations que après ma « première majorité » (milieu de ladolescence, environ 16 ans) je me suis rendu en Dorkadie, país originel des “Anciens Dieux”. Là bas la “Religion Unique” a rencontré plus de résistance et nea pas réussi à effacer totalement ces croiiances ancestrales, que je croiiais les premières. Lors de mon périple jeai rencontré différents peuples qui ne priaient pas tous exactement de la mesme façon ni tout à fait les mesmes dieux, ou en tous cas pas dans le mesme ordre ou selon la mesme importance. Jeai donc appris un autre panthéon (ou plutôt un groupe de panthéons), que jeai essaiié de faire concorder avec un « juste milieu ». Me sentant plus en phase avec cette religion, jeai décidé de ladopter comme ligne de conduite, sans complètement oublier pour autant les enseignements de lÆglise.
Là, jeai commencé à trouver des points communs entre les panthéons Saabi et Dorkadiens et, encore plus intriguant, entre la ‘Sainte Trinité’ et la trinité principale du panthéon Dorkadien. Voiiant que ce cycle revenait fréquemment, sous de multiples formes, jeai pensé que cela devait estre la clef, jeai donc demblée pris le Triskell (ou Triskèle, ou toute autre graphie) comme symbole de ma foi.

A ma « seconde majorité » (fin de ladolescence, environ 20 ans), laenvie de trouver ma mère, dexplorer des autres contrées et des autres croiiances mea conduit à partir en Jazîrat avec Farid. Celui ci a naturellement voulu profiter du voyage pour (re)voir sa terre natale, tout comme ses parents. Ils sont venus pour nous aider à nous installer, sont restés quelques mois puis sont retournés au domaine car ils se sentent désormais chez eux en Aragon. Nous avons repris la maison de notre petite enfance, qui estait dans un estat lamentable et complètement dèlasbrée, car personne nea vécu là depuis notre départ.

Juste avant de partir, Ouda mea déconseillé de retrouver ma mère car je serais “un peu gesné”. Elle mea aussi parlé de Jergath la Grande et du clan Rachid, dont elle fait partie.

Farid et moi avons ouvert notre atelier d’artisanat à Carassine, qui a assez rapidement bien fonctionné. Au bout de quelques années, nous avons pu prendre un associé, responsable des commandes et des livraisons de marchandises. Jeai également escrit un ouvrage présentant les résultats de mes réflescions sur les religions et les relations entre les dieux des différentes confessions, qui a rencontré un franc succès, au sein d’un cercle de philosophes en particulier. Alors mesme que jessaie de rapprocher toutes les communautés religieuses, je venais, sans le vouloir, de donner naissance à une autre religion…

Parfois leun de nous (souvent moi, Farid nestant pas plus téméraire que cela) accompagne ?, notre associé, lors des livraisons importantes et/ou lointaines pour seassurer de la qualité et de la sécurité de la transaction, ainsi que de lentretien des bonnes relations avec la clientèle.

Cest au retour de la une de ces livraisons que la caravane sest faite attaquée. Nous sommes tombés dans une embuscade, ils nous ont volé leargent et les membres de la caravane comme moi mesme avons esté à moitié tués. Lautre moitié de léquipage sest enfuie dans le désert et neai jamais reparue. Cest là que Thuban Ibn Amarutu mea trouvé, à moitié coupé en deux et agonisant…

C’est suite à cela que j’ai rencontré Ashan Bar Elbra et que depuis je porte toujours au moins un gant à la main gauche, quand ce n'est pas une paire.